Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/293

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su se détacher de tout, comme il convient à l’âme d’un philosophe.

Un beau jour, pourtant, l’amour était venu lui prouver qu’il n’était pas aussi invulnérable qu’il le croyait. Une jeune princesse, aperçue par hasard, au moment où le vent jouait avec son voile, avait bouleversé toute sa sagesse et désorienté sa philosophie. Après quelques combats, il s’était rendu de bonne grâce et avait demandé la jeune fille en mariage.

C’était une descendante des rois de Tsi, et, malgré le royaume perdu depuis des siècles, cette famille était fière de sa noblesse et difficile dans ses alliances. Mais un sage illustre peut prétendre à tout : la princesse de Tsi, qui s’appelait Tien, ce qui veut dire Céleste, avait agréé le philosophe et était devenue sa femme.

Tchouan-Tse s’était retiré, avec elle, loin des cours, loin des villes, au pied d’une belle montagne, dans une contrée solitaire du royaume de Song, où il était né, et là, il s’efforçait de faire vivre, en bonne intelligence, la sagesse et le mariage.