Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/333

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était une femme. Et c’est à la place d’honneur, parmi le nom de ses épouses, dans le pavillon appelé Kiao-Taï-Kien, qui est comme une chapelle d’amour, que l’on va suspendre la plaque de jade si finement travaillée.

Il est très particulier ce pavillon, à la riche architecture. Sous sa toiture double, dont les angles se relèvent comme des pointes d’ailes, il ne contient rien de plus que des noms de femmes, inscrits sur des tablettes de jade et suspendus aux murailles. Des noms, des surnoms plutôt et tels que ceux-ci : Ombre des Pins, Reine des Pivoines, Source d’Argent, Parfum des Lotus, Génie du Bonheur, Cyprès d’Élégance…

Ce sont là comme les pages du livre de l’amour, lu et relu, selon l’impériale fantaisie de l’amant, qui, chaque jour, le feuillette. Le chef des eunuques est le desservant de ce temple ; il y vient, vers le soir, parcourt la galerie, lisant les noms des bien-aimées, et, quand il voit une des plaques de jade retour-