Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/345

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princes de sa race traînés, la corde au cou, au triomphe du vainqueur, son père à jamais séparé d’elle, son pays ravagé et humilié. Puis il la menaça des flammes de l’enfer : elle serait damnée, puisqu’elle était la favorite d’un ennemi de Dieu et qu’elle ne cherchait pas à s’arracher à cette honte, par n’importe quel moyen. Qui sait ? elle se complaisait dans l’ignominie, subissait l’amour du tyran, sans horreur, avec plaisir peut-être. Elle était l’opprobre de sa race !

Ominah s’affolait sous ces menaces et ces invectives.

Bientôt elle fut prête à tout pour y échapper. Mais que pouvait-elle ? C’était sans doute pour éviter toute tentative de crime, rage ou vengeance de femme jalouse, que les bien-aimées du maître lui étaient toujours portées dépouillées de tout vêtement. Où se procurer une arme ? et, l’ayant, comment la cacher ?

L’akhoum sembla répondre à la pensée de la jeune femme : il lui jeta un poignard, en lui faisant signe de le dissimuler dans ses cheveux.