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VENTE DE LA GALERIE

DE L’ÉLYSÉE-BOURBON


C’est une triste chose qu’une vente, surtout la vente d’une collection d’objets d’art. Les ventes de maisons et de terres n’ont pas ce côté douloureux ; il n’y a là dedans que des valeurs échangées, voilà tout ; mais une galerie de tableaux, une bibliothèque, une collection rare et précieuse, lentement formée, augmentée avec peine et recherches, sacrifices d’argent et de temps, quelque chose qui a été l’occupation d’une vie, l’amour, la passion, la manie et l’orgueil d’un homme, cela est lugubre à voir vendre comme les robes et les joyaux d’une maîtresse morte.

De plus, il est toujours à regretter que l’on éparpille et que l’on morcèle les grandes galeries. Beaucoup de tableaux admirables s’en vont, qui en Russie, qui en Hollande, qui en Angleterre ; bien peu, il faut le dire à notre honte, demeurent en France, et