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GALERIE DE L’ÉLYSÉE-BOURBON.

une belle reine. Vraiment, si la reine Christine était faite de la sorte, il faut que le Monaldeschi ait été de son temps un drôle bien dégoûté pour ne lui être pas fidèle, surtout si l’on considère qu’elle savait l’hébreu sur le bout de ses charmants doigts, qualité précieuse et rare.

Les vues de villes de Vanderneer, les ports de Berghem et de Weeninx, les cavalcades de Wouwerman, les paysages sablonneux de Winants sont des œuvres magistrales et vraiment dignes d’admiration. Mais nous avouons que beaucoup de tableaux qui cependant ont été poussés jusqu’à des prix énormes nous ont paru assez médiocres et très douteux. Ainsi, l’on a vendu douze mille francs un petit Paul Potter, composé d’une vache rouge vif et d’un arbre vert minéral, qui eût été déjà fort cher à douze cents francs. Un autre tableau de vaches et de taureaux, plus grand, a été à vingt mille francs, sans doute à cause de la rareté des tableaux de Paul Potter, qui est mort fort jeune ; mais si l’on paye une vache vingt mille francs, combien payera-t-on une Vierge de Raphaël ou une courtisane du Titien ?

Un Scalken, vous savez, ce peintre qui ne fait que des effets de flambeaux au vermillon et au jaune de Naples, a été vendu quatre mille francs ; c’est cher pour une chandelle dans un chaudron. L’Hobbema a monté à vingt-deux mille francs ; et, en vérité, c’est un paysage médiocre et que l’on eût à peine