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Page:Gautier - Fusains et eaux-fortes.djvu/163

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FUSAINS ET EAUX-FORTES.

gistes il en est autrement ; une fois les procédés matériels appris, une fois la main acquise, l’École n’a plus pour eux d’enseignements utiles ; il faut que seuls, et en dehors des travaux de l’atelier, ils aillent sur le terrain se livrer à des études longues et variées, afin d’apprendre le ciel, les montagnes, les eaux et tous les grands aspects qu’ils se sont donné la mission de reproduire ; pour ces travaux il faudrait de fréquents et de coûteux déplacements, des voyages faits avec pleine liberté et plein loisir et qui ne sont ni dans la discipline de l’École ni dans les ressources matérielles des jeunes gens, ayant pour la plupart leur avenir à faire tout entier. C’est donc peut-être une assez bizarre chose que de leur demander dans ces conditions un paysage historique, c’est-à-dire une toile qui, indépendamment de la perfection des études matérielles, suppose encore la plus haute intelligence de la poésie de l’art.

L’inspiration n’arrive guère dans les arts qu’au moment où l’artiste est complètement maître de son pinceau et quand il réalisé un acquis considérable et bien liquide. Or, celui qui entre en loge pour composer un paysage dans le style le plus élevé n’a la plupart du temps étudié la nature que du haut de la butte Montmartre où dans la vallée de Montmorency. On lui demande de la peinture dans son aspect le plus idéal, et à peine il en vu un coin.