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FUSAINS ET EAUX-FORTES.

paysage sans ce souffle inspirateur, c’est un tableau de nature morte ; comme celui où l’on nous peint à l’usage des salles à manger, du gibier saignant, un panier de pêches et des grappes de chasselas.

Si maintenant, entre toutes ces impuissances, on nous engageait à en couronner une, nous aurions à choisir entre le numéro un et le numéro huit. Dans le premier, il y a peut-être plus d’habileté de main et dans le second un peu plus de ce qui approcherait de quelque chose de ressemblant à la pensée ; mais, encore une fois, nulle part ne se révèle là un maître en herbe, et peut-être aucun prix ne devrait être décerné.

Cependant, par les considérations que nous avons indiquées en commençant, on peut être conduit à prendre un parti moins sévère. Le concours de ce genre n’ayant lieu que tous les quatre ans, les encouragements du gouvernement peuvent, sans qu’on les regrette trop, essayer, même avec peu de chance de réussir, de créer un talent auquel les occasions d’étude ont peut-être manqué avant tout ; on ne peut, toutefois, en considérant l’état de l’art pris hors de l’École, en voyant les fortes études et les bons résultats obtenus dans le paysage par de jeunes talents qui n’ont pas songé à courir la carrière de la couronne académique, s’empêcher de faire une comparaison tout à fait au désavantage de l’enseignement officiel et trouver une raison de plus pour prétendre