Page:Gautier - Fusains et eaux-fortes.djvu/273

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serez frappé, après avoir monté quelques centaines de marches, amorcé par des écriteaux plus ou moins menteurs, — nous ne parlerons pas ici des hôtels ou des vastes habitations réservées à l’opulence, mais des logis plus modestes de six cents, de mille, de douze cents francs que peuple la bourgeoisie aisée, — vous serez frappé, disons-nous, de leur distribution invariable, qu’on pourrait croire la plus commode, puisqu’elle se produit partout, et qui est au contraire un chef-d’œuvre d’ineptie et d’inconfortabilité. L’espace très restreint qu’on alloue pour cette somme est divisé en compartiments souvent privés d’air et de jour, de la manière suivante : une espèce de palier sombre, décoré du nom d’antichambre ; une salle à manger, toujours glaciale malgré le poêle qui l’empuantit ; une cuisine d’une exiguïté ridicule ; un salon dont les dimensions un peu plus vastes sont prises aux dépens des autres pièces ; une ou deux chambres à coucher et un cabinet de toilette où l’on ne peut se retourner, et qu’éclaire ordinairement un jour de souffrance.

Dans cet aménagement, chose singulière, on a oublié les enfants. L’architecte, en arrangeant le nid pour la famille, n’a pas pensé à eux ; ce fait si simple, si naturel, si normal de deux ou trois enfants par ménage, ce qui est la moyenne de la fécondité des mariages citadins, n’a pas été prévu. Il ne s’est pas trouvé d’observateur assez profond