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Page:Gautier - Histoire du romantisme, 1874.djvu/213

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quie, aux buffets et aux crédences sculptés, qu’aimait à caresser leur pinceau patient ; il entassa sur les rayons des porcelaines du Japon, des verres de Venise, des grés armoriés, des chopes d’ivoire, des groupes de bronze, des magots en jade et en pagodite, des idoles mexicaines, des missels à fermoirs de cuivre, tout le capharnaüm bizarre de la curiosité, et produisit ce chef-d’œuvre qu’on nomme l’Antiquaire et qui a été acheté 30,000 francs à la vente de la galerie du duc d’Orléans. Par exemple, aucun Hollandais n’aurait su comme lui, dans le Van Dyk à Londres, retrousser cavalièrement un feutre, arrondir une plume, fripper une jupe de soie, faire miroiter une veste de velours et sourire de roses visages entre des grappes de cheveux blonds. Quelle couleur heureuse, et gaie, et transparente ! quelle élégance facile malgré tout le soin de l’exécution ! Mettez au milieu du musée d’Amsterdam les Hollandais souscrivant en 1658 au profit des inondés, ils seront là chez eux et supporteront les plus dangereux voisinages.

Entre ces tableaux et le Lion amoureux il n’y a aucun rapport. — On dirait, sans la grâce qui le signe, l’œuvre d’un autre artiste ; c’est une peinture transparente, argentée, frappée de reflets lumineux, un prodige de clair-obscur qui tient de Prudhon et de Corrége : le sage le plus farouche tendrait ses griffes aux ciseaux de cette blonde, type charmant à joindre aux Omphale, aux Dalila et aux Hérodiade.

Roqueplan a peint aussi, dans cette manière, une