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Page:Gautier - Histoire du romantisme, 1874.djvu/51

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groupe d’Esmeralda donnant à boire à Quasimodo, un buste de Victor, comme nous rappelions entre nous avec cette familiarité tendre que les disciples se permettent, et nous adressions, nous apprenti poëte, au jeune sculpteur déjà maître, ces vers parmi beaucoup d’autres dont nous dispensons le lecteur :


Alors devant les yeux de ton âme en extase,
Chatoyante d’or faux, toute folle de gaze.
Comme aux pages d’Hugo ton cœur la demanda.
Avec ses longs cheveux que le vent roule et crêpe,
Jambe fine, pied leste et corsage de guêpe,
Vrai rêve oriental, passe l’Esmeralda.

Roland le paladin qui, l’écume à la bouche.
Sous un sourcil froncé, roule un œil fauve et louche.
Et sur les rocs aigus qu’il a déracinés,
Nud, enragé d’amour, du feu dans la narine,
Fait saillir les grands os de sa forte poitrine
                Et tord ses membres enchaînés.

Puis la tête homérique et napoléonienne
De notre roi Victor ! — que sais-je moi ? la mienne.
Celle de mon Gérard et de Petrus Borel,
Et d’autres qu’en jouant tu fais d’un doigt agile
Palpiter dans la cire et vivre dans l’argile
— Assez pour, autrefois, rendre un nom immortel !