Page:Gautier - Histoire du romantisme, 1874.djvu/79

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sur les larges trottoirs des perspectives rectilignes d’Haussmann, il aime toujours les maisons aux étages surplombants, aux pignons pointus ou denticulés, aux poutres historiées et sculptées, aux fenêtres transversales maillées de plomb, aux vieux meubles de chêne luisant. Comme Elias Wildmanstadius, il continue son rêve du passé à Dijon, où il est directeur de l’école de dessin et où il peut contempler tout à son aise la flèche merveilleuse de la cathédrale et le donjon du palais des ducs, en répétant avec Gaspard de la Nuit :


Gothique donjon
En flèche gothique
Dans un ciel d’optique.
Au bas est Dijon.
Ses joyeuses treilles
N’ont point leurs pareilles ;
Ses clochers jadis
Se comptaient par dix.
Là plus d’une pinte
Est sculptée ou peinte ;
Là plus d’un portail
S’ouvre en éventail.
Dijon, moult te tarde !
Et mon nez camard
Chante ta moutarde
Et ton jacquemard.


Dijon est hospitalier aux peintres romantiques. Louis Boulanger, l’auteur du Mazeppa, de la Ronde du Sabbat, de la Saint-Barthélemy, l’ami de Victor Hugo, qui a son nom dans les Orientales, les Feuilles d* automne, les Rayons et les Ombres, s’y éteint dans la pénombre de l’école qu’il dirigeait, et Célestin Nanteuil y profite de son loisir pour travailler.