Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
110
ISOLINE

Le vieillard rangeait, époussetait avec le plus grand soin ; lorsqu’il se retourna, Isoline vit un visage inondé de larmes.

Quand tout fut bien en ordre, il s’approcha du lit et se jeta à genoux en poussant d’affreux sanglots.

— « Armel ! Armel ! criait-il, tu ne m’entends plus. »

Puis il parla doucement d’une voix caressante, murmurant des phrases indistinctes.

Isoline frissonnait aux accents de cette douleur qu’elle ne comprenait pas. Qu’est-ce que c’était que cette femme qui semblait à la fois une morte et une poupée ? et qu’est-ce que lui disait cet homme si tendre maintenant, lui qui haïssait sa fille ?

— « Je t’ai apporté les fleurs que tu aimes, murmura-t-il à travers ses larmes ; des roses, des narcisses et des lilas. »

Il se releva pour regarder autour de lui, et s’étant aperçu sans doute qu’il avait oublié ce qu’il cherchait, il ouvrit la porte de la chapelle pour sortir. Isoline descendit rapidement, voulant fuir ; mais, dans son trouble, elle combina mal son mouvement et se trouva tout à coup, pour la première fois, en face du baron de Kerdréol.