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LA FLEUR-SERPENT

Et elle me tendit avec effusion sa main dégantée sur laquelle j’appuyai affectueusement mes lèvres.

— « Vous avez embelli, lui dis-je, en admirant son beau visage d’une pâleur si chaude, sous la masse sombre de sa crinière ondoyante qu’égayait une grosse fleur rouge.

— Est-ce vrai ?

— On voit bien que le soleil de l’amour rayonne sur vous, ajoutai-je.

— Oui, je suis heureuse, dit-elle, en levant sur moi un regard plein de feu. Je sais que Scala était votre ami ; mais que voulez-vous ! je ne l’aimais pas et il a mal agi avec moi. Je l’ai supplié de nous rendre la parole qu’il tenait de ma famille et de moi-même, de renoncer à ce mariage : il n’a pas voulu. Tenez, continua-t-elle avec une expression vraiment terrible, je crois que la colère qu’il avait allumée dans mon âme lui a porté malheur : je lui ai fait la jettature, à mon insu. S’il n’était pas mort, je ne sais ce qui serait arrivé. — Mais de quoi parlons-nous-là ? reprit-elle gaiement. Venez, que je vous présente. »

Les visiteurs, deux dames et un jeune homme dont ma mémoire a gardé peu de trace, étaient restés sur la terrasse ; nous montâmes vers eux et la