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LA FLEUR-SERPENT

Mais je franchis le seuil d’un pas tranquille, oublieux déjà de l’appréhension fugitive qui venait de m’assaillir.

Nous entrâmes dans un grand vestibule dallé, puis dans un petit salon qui ouvrait sur une serre où la maîtresse du logis se tenait de préférence. Il y avait là de jolis oiseaux, des plantes rares, et, retenu à un perchoir par une chaîne d’argent, un ouistiti qui folâtrait dans un rayon de soleil.

— « Vous habitez rarement Portici, dis-je à la jeune femme, après que je fus bien installé dans un fauteuil de jonc ; j’ai vraiment du bonheur de vous y rencontrer, on m’a dit que vous n’y veniez presque plus.

— C’est vrai, Leone a une sorte d’aversion pour cette villa et nous ne quittons guère Rome ; mon mari est horriblement nerveux et l’air de la mer l’irrite ; il s’est décidé à venir à cause de Pepino, dont la santé prospère sur ce rivage. »

À ce moment les visiteurs prirent congé et Claudia s’éloigna un instant pour les accompagner.

Pendant cette minute de solitude je ne pus m’empêcher de songer à ce pauvre Scala, mort si à propos et si peu regretté par celle qui devait être la com-