Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/176

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
176
LA FLEUR-SERPENT

d’être en pleine campagne. L’air était très doux, le ciel resplendissant : une vraie journée de convalescence.

J’épiais le visage immobile de ma compagne, il était tranquille, sans expression ; les yeux cependant regardaient avec une sorte d’avidité ; la pensée n’était pas revenue, mais je la devinais toute proche et menaçante.

Pourvu que rien ne vînt précipiter la crise ! Je ne sais pourquoi je désirais qu’elle ne se déclarât qu’en pleine mer. Cette immensité me semblait capable d’amoindrir un peu les douleurs humaines, et puis, je serais mieux là pour parler d’espérance, de vie future, pour appeler Dieu à mon secours.

Claudia parut s’intéresser aux jeux du soleil couchant, ces lueurs semblaient la fasciner ; mais je me hâtai de revenir, ne voulant pas que le crépuscule nous surprît dehors.

Hélas !

En entrant en ville, un embarras de voitures nous arrêta. Je me penchai pour voir ce qui arrivait. À peine avais-je tourné la tête qu’un cri horrible de Claudia me traversa le cœur.

Une fillette avait sauté sur le marchepied de la