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L’AUBERGE

distinguer les édifices de la bonzerie située à mi-côte du Fousi-Yama. »

Les bateliers se remirent à ramer, et bientôt l’embarcation se rapprocha d’un des rivages et entra dans une petite baie qui s’arrondissait ombragée par une superbe végétation, devant l’auberge des Roseaux en fleur.

Les lys d’eau, les iris, les minces roseaux, s’élançant comme des gerbes de fusées, parsemées de fleurs à forme d’étoiles, ou d’aigrettes délicates, légères comme le duvet d’un jeune canard, ne laissaient qu’un étroit passage aux barques qui amenaient des clients à l’auberge. L’habitation ne se montrait qu’à demi sous les longues branches plates du cèdre centenaire qui s’étendaient sur elle, et à travers le fouillis des plantes grimpantes entortillées à ses minces piliers de bois. Sur l’angle de la large toiture, qui s’avançait au-dessus d’une galerie extérieure, un faisan lissait au soleil ses plumes dorées ; tout à l’entour la frondaison était épaisse, impénétrable aux regards.

À un cri, poussé par les rameurs, une jeune servante, vêtue d’une robe de coton bleu et coiffée d’un grand chapeau, en paille de bambou, rabattu par un