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L’AUBERGE

Du côté de la ville une grande lueur s’épandait dans le ciel : c’était Tokyo qui s’allumait. À mesure qu’on s’en approchait, une rumeur grossissait : des cris, des musiques. À chaque moment, des pièces d’artifices éclataient dans l’air.

— « La fête dure encore, » disait Fûten debout à l’avant du bateau.

Les bords du fleuve étaient obscurs cependant. Les magasins, les entrepôts, les bureaux d’expédition, qui l’enferment entre les files de leurs bâtisses régulières soulevées sur des pilotis, n’avaient pas une lumière ; le feston ininterrompu, formé par leurs toitures, se découpait en noir sur les clartés vives des rues voisines.

Les barques passèrent sous un pont très vaste, courbé comme un arc tendu ; puis, bientôt, elles s’engagèrent dans un large canal, et enfin dans un canal plus petit où elles s’arrêtèrent ; la demeure des jeunes filles étant peu éloignée, on devait s’y rendre à pied.

— « Nous allons vous reconduire, dit Boïtoro, nous saurons ainsi où votre maison est située.

— Tâchons de ne pas nous perdre dans la foule, dit Fûten, et gare aux voleurs ! »