— Tu sais que j’aime à enfermer en moi-même mes impressions, dit Mïodjin ; il me semble que je perdrais quelque chose de ma joie, si je la laissais s’évaporer au dehors. »
III
Le lendemain, dès le matin, les deux amis sortirent dans la campagne et se mirent à la recherche d’un joli arbuste, assez semblable au nerprun, dont le feuillage reste toujours vert.
Lorsqu’ils eurent trouvé l’arbuste, ils tirèrent leur sabre et coupèrent chacun une branche. Mais, après un instant de réflexion, Mïodjin rejeta la sienne dans le buisson.
— « Pourquoi fais-tu cela ? dit Boïtoro.
— Parce qu’il ne serait pas convenable de demander les deux jeunes filles en même temps, dit-il ; lorsque le sort de l’aînée sera fixé, il sera temps de songer à la plus jeune.
— C’est juste, dit Boïtoro en baissant la tête ; mon pauvre ami, ton bonheur va donc être retardé.