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LA TUNIQUE MERVEILLEUSE.

de-Roseau en souriant ; voyez ce paravent derrière lequel je me cache d’ordinaire. Il y a là une petite déchirure que j’ai faite avec mon ongle pour vous regarder tout à mon aise pendant les rares visites que vous faites à mon père.

— Serait-il possible que, tandis que je pensais à vous nuit et jour, vous pensiez aussi à moi ? »

La jeune fille ne répondit que par un léger soupir et en baissant les yeux.

— « On vient, dit Cœur-de-Rubis, en prêtant l’oreille à un bruit de pas qui se faisait entendre dans la rue ; un mot encore, j’ai le projet de me faire donner par mon oncle la somme d’argent indispensable aux premiers frais d’un ménage ; si je réussis, consentez-vous à devenir ma femme ?

— Puisque vous avez vu mon visage, dit Fleur-de-Roseau en baissant de nouveau les yeux, je ne puis avoir d’autre époux que vous. »

Et elle s’éloigna, aussi vite que le lui permettaient ses tout petits pieds ; mais elle était troublée et triste, car elle savait bien qu’il était moins difficile de décrocher une étoile du ciel que de faire sortir une somme quelconque des sacs de San-Ko-Tcheou.

San-Ko-Tcheou, malgré le froid, vint recevoir