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LA TUNIQUE MERVEILLEUSE.

ment, lorsqu’on a un peu de dignité, aller proposer cela aux familles et s’avouer si misérable ?

— Eh bien, épouse ta cousine, s’écria Pen-Kouen : cela se trouve à merveille ; le vénérable San-Ko-Tcheou ne peut désirer un meilleur gendre.

— Je n’ai jamais entendu parler de Fleur-de-Roseau, je ne sais ce qu’elle vaut, dit le jeune homme d’un air dédaigneux.

— Oh ! elle est de tous points accomplie, dit vivement l’avare ; douce, jolie, modeste, d’une humeur égale, pas trop bavarde, enfin parfaite.

— S’il en est ainsi, je l’épouserai volontiers, dit Cœur-de-Rubis.

— Eh bien, devant cette honorable assemblée, je te l’accorde pour femme. »

Fleur-de-Roseau, qui, cachée derrière le paravent, suivait cette scène avec émotion, étouffa un cri de joie.

— « À la condition, continua San-Ko-Tcheou, que tu la prends sans aucun trousseau et que tu me vends ta tunique.

— C’est convenu, mon oncle, dit Cœur-de-Rubis, qui avait peine à cacher son bonheur ; à mon tour, je pense, je serai dispensé des cadeaux d’usage ?