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LE FRUIT DÉFENDU.

La jeune fille essaya de rattraper le volant avec son éventail.

— « Prends garde, prends garde, dit A-Tei. Si tu tombais à l’eau, je ne pourrais pas te repêcher, et on te verrait beaucoup mieux que le volant. Que répondrais-je à ta vénérable mère, qui ne manquerait pas de me dire : « Où est la noble Princesse-Blanche, vilaine A-Tei ? Qu’as-tu fait de Princesse-Blanche ? Viens ici que je te fouette. » Ne te noie pas, maîtresse, je n’ai pas envie d’être fouettée.

— Tu ris, s’écria Princesse-Blanche, je ne veux pas que l’on rie tant que je verrai le volant sur le lac.

— C’est bien, méchante maîtresse, je vais me jeter à l’eau, le volant enfoncera.

— Tu me donnes une idée, dit Princesse-Blanche, lançons des pierres sur le volant.

— Les pierres tomberont au fond, mais le volant qui a des plumes bleues et vertes remontera sur l’eau pour nous taquiner.

— Tu crois, petite ? »

Derrière la palissade, Sang-Yong brûlait d’envie d’aller au secours des deux jeunes filles ; il hésitait, ne sachant de quelle façon ni sous quel costume se