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ISOLINE

égayées d’un filet rose, cachaient les murs jusqu’au plafond élevé. Ces boiseries, témoins du siècle précédent, avaient été conservées là seulement par économie : Mme Aubrée eût préféré un papier brun à fleurs d’or, soutenu par une imitation de bois de chêne ; mais, par raison, on s’était contenté, en s’installant, de lessiver les murs et de taire des raccords aux points où la peinture manquait. La maîtresse de la maison s’excusait de sa salle à manger. « C’est gothique, » disait-elle.

Mais le reste de la maison était parfaitement conforme au mauvais goût moderne. Le salon, au premier étage, — le logis étroit n’avait qu’une pièce en façade — était tendu d’un papier blanc et or sur lequel apparaissaient quelques gravures, un tableau religieux brodé en perle et un portrait d’homme à l’huile. Le meuble était de reps gros bleu, les rideaux en mousseline brodée avec des embrasses au crochet s’attachant à des patères de cuivre. Devant la cheminée, garnie d’une pendule Empire et de deux lampes, s’étendait un tapis de feutre aux nuances criardes ; un stéréoscope avec des vues de Suisse et un album de photographies ne quittaient jamais la table ronde, couverte