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ISOLINE

plesse, s’appliqua de toutes ses forces ; son maître obtenait ce qu’il voulait en lui répétant :

— « Vous verrez Marie. »

Lorsqu’il était parti, elle reprenait le livre et s’acharnait ; elle avait bien encore des impatiences où étaient mis en pièces livres et cahiers, mais elle s’efforçait de nouveau et négligeait même sa chèvre blanche, qui était, après Marie, le seul être qu’elle aimât.

Le père Coüée n’était pas sans inquiétude en voyant les progrès de son élève. Que lui dirait-il, lorsqu’elle serait au but et que son espoir s’écroulerait ? Il pensait bien à lui apporter une jolie vierge de plâtre et à lui affirmer sans mentir que c’était là Marie ; mais il voyait la statuette en mille morceaux sur le parquet et il se demandait comment il mènerait à bien l’écriture.

Le jour vint où l’enfant lut sans faute une page entière, elle battit des mains et pour la première fois il la vit rire.

— « Marie ! Marie ! » cria-t-elle.

Il se montra sévère, prétendant qu’elle ne savait encore qu’ânonner, qu’il y avait loin de là à une lecture parfaite. Il gagna du temps, mais non sans