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ISOLINE

— « Je finirai bien par réussir cependant, » disait-elle.

Le jour où Gilbert l’avait attendue vainement à l’Église, elle errait dans le château de salle en salle, reprenant toutes ses tristesses, bien résolue à s’en délivrer cette fois. L’idée de l’étang l’attirait, elle s’étonnait de ne pas y avoir encore pensé. N’était-il pas là à ses pieds, tout prêt à l’envelopper, à se refermer sur elle, effaçant toute trace, tout souvenir. C’était le remède auprès du mal ; comment n’avait-elle pas, depuis si longtemps, compris cette offre muette de consolation ?

Elle ouvrit la fenêtre, s’accouda, regarda l’eau immobile.

Les buissons se penchaient, effleurant la surface, les touffes d’iris évasaient leur gerbe, de grands roseaux droits formaient des îlots çà et là. À l’entour la haute futaie tremblait doucement sous une brise tiède ; un feuillage vert clair, translucide, contrastant avec le ton noir des branchages mouillés, commençait à pointer de toutes parts, le ciel jetait un lambeau d’azur au milieu de l’étang.

Tout à coup un oiseau rompit le silence, il lança un sifflement sonore, puissant.