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Page:Gautier - Khou-n-Atonou (Fragments d'un papyrus), 1898.djvu/142

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LE PRINCE A LA TÊTE SANGLANTE

rythme vague dont il se balance en faisant clapoter l'eau.

À quelque distance, vautrées dans la vase, leurs mufles camus et veloutés tendus vers lui, ses bêtes semblent l'écouter, en dépit du proverbe : « La musique n'est pas faite pour Toreille des buffles. »

De ses lèvres les paroles s'égrènent ainsi :

« Sauve-toi, seigneur tigre, sauve-toi ! Malgré tes griffes, malgré tes dents terribles, ta mort est certaine. Voici l'éléphant, roi de la forêt ; écrasant les broussailles, il s'avance et va te briser les reins.

« Pauvre chèvre aux cornes gracieuses, à quoi bon fuir et bondir toute affolée ? ce tigre a faim, il faut qu'il mange.

« L'oiseau a des ailes multicolores, il vole haut, loin des embûches, et, à plein