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KHOU-N-ATONOU

suprême adieu. Il n’a pas prononcé de prière, n’a pas tendu ses mains ouvertes chargées d’offrandes. Sa tête, orgueilleusement, se dressait, ses yeux dardaient un défi, et sur ses lèvres courait le frisson d’un insultant sourire. Même il n’a pas rompu le sceau, qui scelle à son nom la porte du tabernacle où habite le Dieu suprême ; le tabernacle est resté fermé, l’empreinte royale est intacte ; à jamais, peut-être.

— Tes yeux, troublés par l’âge, ne t’ont-ils pas abusé ?

— Le gypaète qui, perdu dans le ciel, voit sa proie et fond sur elle, n’a pas le regard plus sûr que le mien ! s’écria le pontife. J’ai vu, sous l’aspic de la coiffure royale, dans les pensées du maître, qui sont des chaînes pour tout un peuple immense, j’ai vu monter l’orage ; j’ai prévu