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SYRIE.

pour l’esclave qu’il n’en éprouvait réellement, et de s’être fait tort auprès de Salèma. Mais dans le Levant, où la polygamie n’est pas un cas pendable, la jalousie féminine ne s’éveille pas si facilement. Habituées à se partager les caresses d’un époux, les femmes admettent des goûts multiples, et l’amour comme chez nous ne se présente pas à leur idée avec la condition d’être unique. La fille du cheick ne témoigna donc aucun déplaisir.

Pour renforcer de quelques fils le lien bien frêle qui le rattachait à Salèma et que les scrupules bien légitimes de madame Carlès pouvaient rompre un jour ou l’autre, Gérard de Nerval promit d’employer son influence pour l’élargissement du cheick, et il se souvint fort à propos qu’il possédait une lettre de recommandation à l’adresse du pacha de Saint-Jean d’Acre, qu’il avait du reste connu à Paris.

Le cheick Séid Eschérazy, père de l’akkalé Siti Salèma, passait pour un personnage dangereux. Ses prédications fanatiques avaient causé des troubles dans la montagne, et