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L’ORIENT.

dans le corps d’un homme, mais il ne choisit pas mal son enveloppe, et pouvait bien mener l’existence d’un dieu même sur la terre, puisqu’il n’était rien moins que le commandeur des croyants, le calife d’Égypte et de Syrie, près duquel tous les autres princes de la terre faisaient une bien pauvre figure en ce glorieux an 1000. À l’époque de sa naissance toutes les planètes se trouvaient réunies dans le signe du Cancer, et l’étincelant Pharaois (Saturne) présidait à l’heure où il entra dans le monde. En outre, la nature lui avait tout donné pour soutenir un tel rôle : il avait la face d’un lion, la voix vibrante et pareille au tonnerre, et l’on ne pouvait supporter l’éclat de son œil d’un bleu sombre. »

Cependant, malgré tous ces avantages, Hakem ne trouva pas dans sa vie beaucoup de prosélytes, et le puissant calife obtint moins de pouvoir sur les âmes que le Fils du charpentier, et à Médine le chamelier Mahomet. Il ne négligeait pourtant aucun moyen de propagande. Dans les églises, les synagogues et les mosquées, d’où il avait chassé