cèrent portant un baril microscopique suspendu à la barre qui sert, à Constantinople, à soutenir les fardeaux pesants que ne pourrait remuer un seul homme ; ces hammals étaient vêtus d’une casaque grise, bordée de dentelures de drap jaune, rouge et bleu, d’un pantalon bouffant mais étroit des jambes et liseré d’agréments noirs, et coiffés d’un haut chapeau de feutre mou que je ne saurais mieux comparer qu’à une chausse à filtrer : l’un était maigre, sec, nerveux, très-fin de physionomie ; l’autre épais, robuste, avec des formes d’éléphant ou de mastodonte. Tous deux semblaient faire d’énormes efforts pour supporter ce baril gros comme le poing ; ils chancelaient, bifurquaient leurs jambes et s’arc-boutaient comme écrasés sous le faix.
Que contenait ce baril mystérieux ? Du raki, espèce d’eau-de-vie blanche que les hammals portaient pour le compte d’un négociant franc de Para qui voulait établir un cabaret.
Le Franc, habillé en Robert-Macaire, d’une vieille redingote de lustrine noire, luisante aux coudes, les jambes ensevelies dans de