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VENISE.

prodigieuses, qui servent de piédestaux, l’une à une statue de saint Théodore, l’autre à un lion ailé de bronze, la tête tournée vers la mer comme pour dénoter qu’il veille à son empire. C’est entre ces deux colonnes qu’ont lieu les exécutions, qui se faisaient autrefois sur la piazza di San-Giovanni-in-Bragola. Le doge Marino Faliero, battu par la tempête, fut forcé de prendre terre en cet endroit le jour de son installation, et cela fut généralement regardé comme de mauvais augure. On sait ce qui en arriva.

Au fond, la chiesa ducale di San-Marco, le plus étonnant édifice qui se puisse voir. Ce n’est pas une cathédrale gothique, ce n’est point une mosquée turque, encore moins une métropole grecque, et cependant c’est tout cela. Ses aiguilles et ses pignons, évidés à jour, sont gothiques ; ses trois coupoles de plomb, qu’on prendrait pour des casques, rappellent les mosquées orientales ; on est tout surpris d’y voir une croix. Ce grand dôme est antique, ce plein cintre est