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L’ORIENT.

en ôtant leur bonnet le boulet maladroit qui passe à côté d’eux ou tombe à leurs pieds. La vendetta existait chez les Tcherkesses et les autres peuples montagnards du Caucase, mais cet usage commence à tomber en désuétude, comme en Corse. Ces peuples attachent une grande importance à la beauté et à la trempe de leurs armes. On en essaye le fil sur une pierre de silex. La lame, en remontant comme un archet de violon, doit faire jaillir des étincelles et ne pas s’ébrécher. Mais qu’importe, après tout, la trempe de l’arme ? Le proverbe kabardien dit fièrement : « Si le cœur est long, le chacheka est long ; si le cœur est court, le chacheka est court. »

Le costume du Tcherkesse, ce brigand de montagne, est sauvagement pittoresque ; la tchekmette (tunique), avec ses poches à étuis pour les cartouches placées comme un ornement des deux côtés de la poitrine, a une élégance martiale et sévère, et le bachelik en drap à longues pointes se nouant autour du col ressemble au gracieux bonnet phrygien ;