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EN CHINE.

ce pays fantasque, qu’il est difficile de se figurer autrement que comme un immense magasin de bric-à-brac, comme un quai Voltaire de plusieurs centaines de lieues de long.

Des chinoiseries ? on en voit partout. L’Angleterre et la Hollande en ont tellement inondé l’Europe depuis deux ou trois siècles, que Pékin s’approvisionne à Paris et à Londres. Mais ce qui est plus rare, c’est une aimable collection de cercueils, entassés là sans doute pour la consommation de l’équipage, en cas de nostalgie ou de choléra.

Les cercueils chinois sont les plus jolis du monde. Ils n’ont pas cette affreuse physionomie de sapin et ces funèbres couleurs qu’ils revêtent chez nous. D’une seule pièce et creusés dans le tronc d’un gros arbre, ils sont peints à l’extérieur d’un beau vermillon et munis d’oreilles de bois pour les soulever.

Ces musiciens faisant leur vacarme demi-joyeux, demi-mélancolique, à côté de ces cercueils, boîtes à violon un peu exagérées, qui semblaient entre-bâillées pour eux, nous jetaient malgré nous en des rêveries philo-