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JAPON.

buait nulle importance, ils se retirèrent, leur comédie jouée, non sans avoir fait une multitude de questions qui dépassaient les limites de la curiosité permise.

L’insuccès de ces premiers agents détermina le bougno, ou gouverneur de Simoda, à paraître en personne. À travers la banalité des formules préliminaires perçait un désir d’évincer les étrangers ou de ne leur accorder que des satisfactions dérisoires ; mais il fut déjoué par la fermeté opiniâtre du baron Gros, habitué à ces fins de non-recevoir polies des cauteleux diplomates de l’extrême Orient. On parla ensuite avec un sérieux parfait de la santé du Tai-con (empereur du Japon), qui se portait à merveille, à ce que prétendait le bougno, mais qui en réalité était mort depuis quinze jours, circonstance que n’ignorait pas la mission française.

Comprenant à l’insistance du baron Gros pour traiter à Yeddo même, capitale du Nipon, que toutes ses finesses étaient éventées, le bougno prit son parti en galant homme, et invita la mission à déjeuner. Le logement