Page:Gautier - L’Orient, tome 1, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/298

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
286
L’ORIENT.

volupté, que ne nous donnent pas toujours les grands airs d’opéra. Ces cantilènes sont comme les bégaiements et les chants de nourrice du monde encore enfant.

Le jongleur lui-même, quand se taisait la musique, faisait, comme on dit, son boniment en japonais, expliquant le tour qu’il allait exécuter. — C’est la première fois que nous entendions parler cette langue, elle nous semble accentuée et sonore. — Son discours achevé, le jongleur versa un pot d’eau sur les feuilles de papier, où soudain se dessinèrent toutes sortes d’images, invisibles auparavant. Puis il mit le feu à ses papiers, qui, jetés en l’air, produisirent un feu d’artifice, d’où jaillit une poupée habillée d’oripeaux et de soie. Au milieu de son ascension, la poupée éclata et se divisa en quatre lanternes allumées. Nous passons sous silence quelques tours faits avec des rubans, que pratiquent les saltimbanques d’Europe, pour arriver à un exercice plus caractéristique et vraiment bizarre. Le jongleur se pelotonna derrière un écran, et il en sortit transformé en