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L’INDE.

tore. Vous serez plus fraîchement sur ce froid et blanc canapé, dans cette salle ventilée par les ponkas toujours en mouvement, aux fenêtres fermées de nattes de jonc arrosées d’eaux odoriférantes, aux soupiraux treillagés de feuilles d’albâtre frappées à jour par l’emporte-pièce de la patience, comme les dentelles de papier de nos boîtes de dragées ; là vous pourrez fumer dans ce bhouka d’argent, émaillé et ciselé, le tabac mélangé de benjoin, de confitures et de roses, entortillant votre bras des longs anneaux du tuyau flexible, comme une Cléopâtre jouant avec l’aspic ; mâcher le bétel qui empourpre les gencives, prendre le thé de Kemaon et d’Assam dans des tasses enveloppées de filigrane, ou bien encore, si vous trouvez un adversaire de votre force, faire une partie avec ce jeu d’échecs en agate, dont les cavaliers chevauchent des éléphants.

Mais c’est assez se reposer ; les éblouissements ne sont pas encore finis. Si vous ne sortez pas aveugle du Palais de Cristal, ce ne sera pas la faute de l’Inde ; mettez des lu-