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L’INDE.

lacroix n’y sauraient atteindre ; finesse ardente, fraîcheur embrasée, nuances flamboyantes et tendres, harmonies dans le tumulte ; il y a là des fonds saumon, topaze brûlée, pétales de fleur recouverts d’émail ou de paillon, dont aucune langue ni aucun pinceau ne saurait donner l’idée ; des draps de Kirpoor, des soieries d’Agra, des broderies du Moultan, des brocarts de Borhanpor et d’Ahmedabad, des gazes de Trichinopoli, des rubans de Célèbes, des écharpes de Sumatra, des châles de Lahore pour ceinture et pour turban, à rendre la coquetterie folle.

Tantôt ce sont de larges bandes d’or, fleuves de lumières qui ruissellent en miroitant entre des rives d’améthyste, de rubis et de saphir ; tantôt un mince fil étincelant serpente dans la trame grenue qu’il égratigne d’une traînée de points phosphorescents ; ici l’argent pleut et fourmille en paillettes estampées sur une gaze d’azur qui frissonne et tremble comme un ventre de poisson au soleil, ou comme une eau au clair de lune ; là une dentelle d’or, plus fine que la maline ou la valencienne