Page:Gautier - L’Orient, tome 1, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
40
L’ORIENT.

blonds, et la physionomie, quoique charmante, respire une certaine résolution ; la bouche a de la smorfia et le nez du caprice ; ce n’est plus la résignation passive et la sérénité presque animale des autres types. Des colliers de pâte du sérail, des pièces de monnaie enfilées et des verroteries bruissent et scintillent sur la gorge. La brassière est devenue une veste de velours nacarat, résolument turque, ramagée d’arabesques d’or ; la robe s’est divisée en larges pantalons rouges. Quand les artistes du moyen âge voulaient peindre une Hérodiade, ils inventaient, dans leur ignorante fantaisie, un costume oriental, mi-partie de gothique et de sarrasin, qui rappelle beaucoup celui de la femme bosniaque dessinée et coloriée par M. Valerio.

Passons de ces infantes au paysan slovaque d’Arva ; c’est un jeune garçon à physionomie ouverte et franche, mais dont le nez n’offre plus ces courbures héroïques des races d’Orient. Le type devient carré et camard et plus honnêtement rustique. Un chapeau à larges bords, une chemise de grosse toile, un