Page:Gautier - L’Orient, tome 2, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
122
L’ORIENT.

qu’on ait fait le voyage de l’isthme, et qu’on ait passé d’une mer à l’autre sur un de ces bateaux à vapeur qui feront bientôt directement le trajet de Marseille à Calcutta.

I

SUR LE MŒRIS

Maudits soient les esprits forts ! Leurs raisonnements captieux nous ont fait, pour la première fois de notre vie, manquer à la superstition du vendredi, et le châtiment ne s’est pas fait attendre ; châtiment un peu rude pour une infraction unique. Et puis nous allions accomplir un désir bien ancien déjà et toujours remis à demain. Les tristesses du départ surmontées, nous éprouvions cette sorte de joie dangereuse qui éveille la susceptibilité des Moires, ces déesses jalouses, offusquées par le bonheur de l’homme, hélas ! bien rare et bien incomplet pourtant !

Nous n’avions emporté, dans un accès