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L’ORIENT.

pas une petite affaire. Malgré l’empressement des portefaix de toutes couleurs à recevoir les paquets que les matelots tiraient de la cale, c’était un fourmillement tumultueux, où s’échangeaient des imprécations polyglottes. On se coudoyait, on se heurtait, on s’étouffait, on se poussait au sommet de l’échelle, au risque de tomber dans la mer ou dans la barque, ce qui eût été plus grave. Enfin, la cascade de malles se modéra un peu et finit par tarir, et nous pûmes descendre soutenu par notre camarade. Une caisse sur la dunette nous servit de siége, et au bout de quelques minutes nous étions à terre, sur une plage de sable.

Sur cette plage grouillait, aux rayons d’un soleil brûlant, dont la chaleur nous enveloppa soudain comme l’atmosphère d’une étuve, une foule bariolée de nègres, de cophtes, de fellahs, de barabras, de Grecs, de Maltais, contenue à grand’peine par les employés du khédive, jeunes gens de manières distinguées, reconnaissables à leur tarbouch officiel, chargés d’accueillir au débarquement les invités d’Europe et de les diriger vers leurs hôtels