Page:Gautier - L’Orient, tome 2, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
165
ÉGYPTE.

viteur d’Abraham, allant en Mésopotamie chercher une épouse pour Isaac. Il s’abandonne avec une souplesse nonchalante aux réactions rudes, mais régulières, de l’animal, quelquefois fumant un chibouck comme s’il était assis à la porte d’un café, ou pressant la marche ralentie de sa monture.

Les chameaux ont le goût et l’habitude d’aller à la file, et une corde en rattache ordinairement cinq ou six, ou même davantage. La caravane chemine ainsi, découpant sa bizarre silhouette sur les lignes plates de l’horizon, et paraît, faute d’objet de comparaison, d’une grandeur énorme. Sur les flancs de la file trottent, d’un pied agile, trois ou quatre jeunes garçons armés de baguettes, car en Orient ce ne sont jamais les palefreniers ni les écuyers qui manquent aux bêtes de somme. Parmi ces chameaux, il y en a de roux, de café au lait, de bruns et même de blancs, mais le fauve est la couleur la plus fréquente ; ils portent des pierres, du bois, des herbes retenues par un filet de sparterie, des bottes de canne à sucre, des coffres, des