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L’ORIENT.

Les arbres du square nous masquaient les constructions nouvelles, les théâtres du Cirque, de l’Opéra-Italien et de la Comédie-Française, et de cette façon notre rêve n’était pas trop dérangé.

Notre état de blessé demandait quelques ménagements et deux ou trois jours de repos absolu : ce n’était pas trop. Pour peu qu’on ait le sentiment du voyage, on se fera aisément une idée du désir que nous avions de nous lancer à travers ce dédale de rues pittoresques, où fourmillait une foule bigarrée ; mais il ne fallait pas y songer pour le moment. Nous pensâmes que le Caire viendrait à nous si nous ne pouvions aller à lui, plus complaisant que la montagne envers le prophète : et, en effet, le Caire eut cette politesse.

Pendant que nos compagnons, plus heureux, se répandaient par la ville, nous nous installâmes dans la verandah, armé de notre lorgnon et de notre jumelle. C’était le meilleur poste d’observation qu’on pût choisir, et, même sans regarder sur la place, le toit de la marquise abritait bien des types curieux.