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L’ORIENT.

troussequin : cette selle pose sur un panneau de tapis ou d’étoffe rayée, et se maintient par une large courroie qui passe diagonalement sous la queue de l’animal, en façon de croupière. Une sangle fixe le panneau, et deux étriers assez courts ballottent sur les flancs de la bête. Ce harnachement est plus ou moins riche, selon la fortune de l’ânier et la qualité des gens qu’il conduit ; mais nous ne parlons ici que des ânes de louage. Personne au Caire ne rougit d’employer cette monture : les vieillards, les hommes faits, les dignitaires et les bourgeois. Les femmes y chevauchent à califourchon, mode d’équitation qui ne compromet en rien leur pudeur, vu l’abondance de plis de leurs larges caleçons qui leur recouvrent presque entièrement les pieds ; elles ont souvent devant elle, posé sur l’arçon, un petit enfant demi-nu, qu’elles maintiennent en équilibre d’une main, tandis que de l’autre elles secouent la bride sur le col de l’animal. Ce sont en général des femmes aisées qui se permettent ce luxe, car les pauvres femmes fellahs n’ont d’autre