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L’ORIENT.

passe un infidèle aux regards curieux, les fellahs ramènent un pan de ce voile sur le bas de leur figure et le retiennent avec leurs dents ; mais à cette heure matinale, lorsqu’il y a encore peu d’Européens dans les rues, elles ne prennent pas beaucoup de précautions. Les fellahs cophtes, qui sont chrétiennes, ne se voilent même pas du tout, et nous pouvions contempler à notre aise, du haut de notre observatoire, ces têtes aux longs yeux, aux pommettes légèrement saillantes, aux joues rondes, à la bouche épanouie par un sourire indéfinissable, au menton rayé de quelques légers tatouages bleuâtres, où persiste le type égyptien primitif, et qui ressemblent à s’y méprendre aux têtes de femmes sculptées qui ferment les vases canopes. Rien de plus élégant que les attaches de leur col et le galbe de leur poitrine, projetée en avant par l’habitude qu’elles ont de tenir des fardeaux en équilibre sur leurs têtes.

Toutes ces fellahs, jeunes ou vieilles, vierges ou matrones, grasses ou maigres, portaient quelque chose : celle-ci tenait avec