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SALAMMBÔ.

des cercles de carnage ! M. Gustave Flaubert n’est pas moins habile aux siéges qu’aux batailles. Il construit des hélépoles comme Démétrius Poliorcète, courbe le ressort des batistes, lâche la détente des catapultes, balance les béliers, fait avancer la tortue, dresse les échelles et ne néglige aucun des engins destructifs de l’antiquité mieux outillée, sous ce rapport, que les modernes ne le croient et que l’absence d’artillerie ne peut le faire supposer. On ne saurait s’imaginer la furie et l’acharnement de ces assauts qui paraissent décrits par un témoin oculaire, tant ils sont rendus avec une fidélité vivante.

La victoire obtenue par Hamilcar n’a point sauvé la situation. Revenus de leur surprise, les barbares, réunissant les corps d’armée de Spendius, de Mathô et d’Autharite, harcèlent la petite troupe du suffète, bientôt réduite aux pires extrémités. Carthage se lamente et s’effraye sans envoyer de secours. Le serpent Python est malade, le Zaïmph appartient aux barbares ; il y a longtemps