ne se meuvent pas de la même façon.
De ce fourmillement colossal de multitudes remuées avec la plus magistrale aisance se détachent les figures du drame : Hamilcar, Hannon, Mathô, Spendius, Narr’Havas, Salammbô, Schahabarim : Hamilcar, héroïque et presque divin ; Hannon, résumant en sa hideuse personne le côté monstrueux du génie carthaginois ; Mathô, la passion impétueuse, aveugle et fatale ; Spendius, la finesse grecque luttant à force d’esprit contre les énormités du monde africain ; Narr’Havas, si élégamment perfide et d’une beauté si purement arabe ; Salammbô, cette chaste création macérée dans les parfums, les initiations et les extases, autour de laquelle semble s’arrondir, comme une auréole, un halo lunaire ; Schahabarim, contemplant toujours plus rêveur le gouffre sans fond des mysticités orientales et passant de Tanit à Moloch. Pour peindre ces personnages de types si divers, M. Gustave Flaubert a su trouver les teintes les plus délicates et les plus vigoureuses. Si rien n’est horrible comme le suffète lépreux,