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TUNIS.

plore. Il faut qu’il se laisse imprégner par l’atmosphère ambiante, qu’il oublie en quelque sorte sa nationalité, et tâche, pendant quelques semaines ou quelques mois, de vivre autant que possible avec les indigènes, acceptant leur cuisine, leurs boissons, leur manière de fumer, de se divertir, de se transporter d’un endroit à un autre ; partageant même, en apparence du moins, leurs préjugés et leurs superstitions, car rien n’est plus ennuyeux que ces esprits forts qui rient du mauvais œil et des mains préservatrices appliquées sur la chaux des murailles, tandis que peut-être ils n’osent pas s’asseoir à une table de treize couverts. Les infatués de civilisation sont aussi bien intolérables dans leurs dédains pour ce qu’ils appellent la Barbarie. À les voir près d’un Arabe drapé dans ses burnous et ses haïcks, on ne se douterait pas que ce sont eux qui représentent le progrès.

L’auteur du Voyage à Tunis[1] n’est pas

  1. Un volume in-18, chez Garnier frères.