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L’ORIENT.

tous les peuples, et que les nations de l’Occident contentent au moyen de spiritueux et de boissons fermentées. Le désir de l’idéal est si fort chez l’homme qu’il tâche autant qu’il est en lui de relâcher les liens qui retiennent l’âme au corps, et comme l’extase n’est pas à la portée de toutes les natures, il boit de la gaieté, il fume de l’oubli et mange de la folie, sous la forme du vin, du tabac et du hachich. — Quel étrange problème ! un peu de liqueur rouge, une bouffée de fumée, une cuillerée d’une pâte verdâtre, et l’âme, cette essence impalpable, est modifiée à l’instant ; les gens graves font mille extravagances, les paroles jaillissent involontairement de la bouche des silencieux, Héraclite rit aux éclats, et Démocrite pleure.

Le hachich est un extrait de la fleur de chanvre (Cannabis indica) que l’on fait cuire avec du beurre, des pistaches, des amandes et du miel, de manière à former une espèce de confiture assez ressemblante à la pâte d’abricot, et d’un goût qui n’est pas désagréable. — C’était du hachich que faisait