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Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 1.djvu/134

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À ce moment un vieillard qui tient une jeune fille par la main parvient à arrêter au passage une fille de l’auberge et à la retenir par sa manche.

— Je voudrais parler au maître de l’établissement, dit-il.

— Vous choisissez bien le moment, dit la servante en éclatant de rire.

D’un geste brusque, elle se dégage et s’éloigne sans écouter davantage le vieillard.

— J’attendrai, dit-il.

On défonce un tonneau de saké, et les joyeux buveurs causent et rient bruyamment.

Mais tout à coup le silence s’établit, on a entendu le son clair d’une flûte et les vibrations d’un instrument à cordes. Cette musique vient des appartements d’en haut.

— Écoutez ! écoutez ! dit-on.

Quelques passants s’arrêtent et prêtent l’oreille.

Une voix de femme se fait entendre. On distingue nettement les paroles de la chanson :

« Lorsque Iza-Na-Gui fut descendu sur la terre, sa compagne, Iza-Na-Mi, le rencontra dans un jardin.

« — Quel bonheur de voir un aussi beau jeune homme ! s’écria-t-elle.

« Mais le dieu, mécontent, répondit :