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Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 1.djvu/159

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— C’est en effet ce que je voulais vous faire comprendre, dit Tza-Farou en éclatant de rire ; ne devais-je pas riposter à votre loup insolent ?

— Elle avait le droit de nous venger, dit la Kisaki, elle ne subira aucune punition.

— Fleur-de-Roseau sait une histoire, elle ne veut pas la dire, s’écria une princesse qui, depuis un instant, chuchotait avec sa voisine.

Fleur-de-Roseau se cacha le visage derrière la large manche de sa robe. C’était une toute jeune fille un peu timide encore.

— Allons, parle, dit la Kisaki, et sois sans crainte, nous n’avons rien de commun avec le loup de Simabara.

— Eh bien ! voici, dit Fleur-de-Roseau, soudain rassurée. Il y avait dans l’île de Yéso un jeune homme et une jeune fille qui s’aimaient tendrement. Ils avaient été, dès le berceau, fiancés l’un à l’autre et ne s’étaient jamais quittés. La jeune fille avait quinze ans, le jeune homme dix-huit. On songeait à fixer l’époque de leur mariage. Par malheur le fils d’un homme riche devint amoureux de la jeune fille et demanda sa main à son père, et celui-ci, méprisant ses engagements anciens, la lui accorda. Les jeunes gens eurent beau le prier, le père demeura inflexible. Alors la fiancée alla trouver son amant au désespoir.