matinal frissonnait dans l’air. La cime des bois commençait à découper plus nettement ses ondes sur le ciel qui bleuissait.
Bientôt une lueur pâle toucha les plus hauts arbres, puis se glissa entre les branches et les feuillages et filtra jusqu’au sol. Alors, dans les jardins du prince, des allées encombrées de ronces en fleur ébauchèrent leur vaporeuse perspective ; l’herbe reprit sa couleur d’émeraude ; une touffe de pivoines vit revenir l’éclat de ses fleurs somptueuses, et un escalier blanc se dévoila à demi de la brume dans le lointain d’une avenue.
Enfin, brusquement, le ciel s’empourpra ; des flèches de lumière traversant les buissons firent étinceler des gouttes d’eau sur les feuilles. Un faisan s’abattit lourdement, une grue secoua ses ailes neigeuses et, avec un long cri, s’envola lentement dans la clarté, tandis que la terre fumait comme une cassolette et que les oiseaux à pleine voix acclamaient le soleil levant.
Aussitôt que l’astre divin fut monté de l’horizon, les vibrations d’un gong se firent entendre. Il était frappé dans un rythme monotone d’une mélancolie obsédante : quatre coups forts, quatre coups faibles, quatre coups forts, et ainsi toujours. C’était pour saluer le jour et annoncer les prières matinales.
Un rire jeune et sonore, qui éclata soudain,